ROAD Book… Chapitre 1

Chapitre 1 du roman ROAD Book

Road Book de l'auteur Gilles Deschamps

 

C H A P I T R E      1

 

Au milieu de la salle des Illustres de la mairie de Toulouse remplie à craquer pour l’événement, Tomse tient droit comme un I. Dans moins de trente minutes il va savoir si ses trois ans d’études ont servi à quelque chose, si cette année passée la tête dans le guidon à peaufiner sa Thèse Photographiqueva être récompensée. Et oui, dans moins d’une demi-heure un jury parisien va décerner le premier prix de son école de photo Toulousaine. Oh, Tom ne se berce pas d’illusions, il sait que même s’il remporte la palme, son avenir n’est pas tracé pour autant, mais au moins il pourra partir à la capitale les valises remplies d’espoir et fier de ce qu’il a commencé à réaliser.

« Voilà, Lévy vient de finir son discours, on va passer aux choses sérieuses », se dit Tom. Mais au grand dam de ce dernier, le directeur annonce que vu le cru assez exceptionnel de l’année ils ont rajouté quelques prix spéciaux. « Je vais faire un arrêt cardiaque s’ils entretiennent le suspens plus longtemps. Mais bon, même si c’est le Graal qui m’intéresse, peut-être que j’aurai au moins le prix de la Pub, puisque c’est ce que je veux faire. »Mais après avoir donné une mention spéciale à Yan pour son archi et une à Cathy pour la mode, le chef d’établissement annonce :

– Maintenant nous allons passer au Prix spécial du Jury décerné à l’unanimité pour son extrême rigueur et son professionnalisme hors pair.

« Voilà, on y est c’est LE moment qui va changer ma vie », pense très fort Tom au bord de l’apoplexie.

– Celui qui enlève ce prix c’est…Fabien.

En un mot, le directeur vient de faire voler en éclats tous les rêves de Tom, et tandis que toute la salle applaudit son copain qui se dirige vers l’estrade afin de recevoir son diplôme, Tom, lui, se noie dans le flot de souvenirs de ses trois dernières années : trois années de bonheur immense, trois années d’apprentissage de la vie, trois années passées avec Charlie son pote colocataire et étudiant comme lui, qui en cours de première année a changé d’orientation en partant dans la branche audiovisuel, trois années d’aventures plus ou moins longues avec des filles de son école, trois années pendant lesquelles il a tressé des liens très forts avec des gens venus des quatre coins de la planète et dont certains sont devenus des amis avec un grand A, trois années où il a pris conscience que ses rêves pouvaient devenir réalité pourvu qu’on s’en donne la peine ; probablement les trois meilleures années de sa jeune vie. Mais tout à coup Tom reçoit un coup dans les côtes.

– Hé ! Tom ! Qu’est-ce que tu fous ?

– Quoi, qu’est-ce que je fous !

– Hé bé, vas-y !

– Mais où ? Et tout en disant ça, Tom se rend compte que toute la salle le regarde en applaudissant. Il est perdu, que se passe-t-il ?

– Chercher ton prix !

– Mais quel prix ? reprend Tom hagard.

– Mais Le Grand Prix espèce d’andouille ! C’est toi qui l’as obtenu !

– Mais non c’est Fabien qui l’a eu tout à l’heure !

– Non, lui c’était un prix spécial, toi c’estLEpremier prix de l’école : c’est toi la vedette mon gars. Et après lui avoir mis une grande tape dans le dos, en le serrant dans ses bras, il lui glisse à l’oreille :« je suis fier de toi mon pote. »

Tom a les jambes qui tremblent en traversant la salle remplie de personnes plus ou moins proches, qui le félicitent chaleureusement. Arrivé devant cette estrade remplie de professionnels aux noms glorieux, Tom est impressionné. Lui si bavard à l’accoutumée est étrangement muet, il se contente de serrer les mains une à une, entendant les compliments qui le soulèvent littéralement : « Bravo Tom » « Travail excellent » « Appelle-moi si tu montes à Paris » «Avec ce book je ne te donne pas cinq ans avant d’être un des meilleurs photographes de Paris » « J’ai été bluffé ». Tom se contente de remuer la tête, il ne réalise toujours pas.C’est la première grande victoire de sa vie, lui qui a toujours navigué dans le ventre mou de la classe durant toute sa scolarité, connaît aujourd’hui les joies de la première place.

« Waouh… Ça a été long, mais j’y suis arrivé. Maintenant, quoi qu’il advienne, on ne pourra jamais me l’enlever. Plus tard, quand je serai vieux, je pourrai fermer les yeux et me rappeler ce jour béni et en être fier. La mission est remplie, je peux à présent passer à autre chose. »

– Bon Tom, on va tous au resto fêter ça, tu viens ?

– J’arrive dans dix minutes, je dois donner un interview.

– Ouh là ! Même pas un quart d’heure qu’il est célèbre et déjà il s’la pète, éclate de rire Charlie.

– Ça va ! C’est pas la peine de te foutre de moi ! Comment veux-tu que je te le dise ? Y a une journaliste qui veut écrire un papier sur moi !

– Mais non ! C’est pour te détendre un peu que je plaisante ! Y peux pas y avoir plus heureux que moi, espèce de buse. Bon, nous on s’avance, tu nous rejoins ?

– Ok, je l’expédie et j’arrive.

– Ne me dis pas que c’est cette charmante blonde qui patiente avec son carnet ?

– Si ! Pourquoi ?

– Donc, on ne te revoit pas avant demain matin ! ironise Charlie.

– Allez, file, j’t’ai assez vu, lance Tom, un large sourire accroché aux lèvres.

Et tandis que Charlie s’en va, la jeune journaliste s’approche.

– Bonjour Monsieur…

– Stop. On va reprendre : mon prénom c’est Tom, je n’ai pas gagné la Palme d’Orà Cannes et on va se tutoyer vu qu’on a sensiblement le même âge ; ça te va ?

– D’accord Tom. Alors c’est parti.

– Tu sais, je pense que tu vas être déçue ; je n’ai pas grand-chose à raconter.

*

La journaliste en herbe le bombarda de questions auxquelles il eut beaucoup de mal à répondre, n’étant pas un adepte des expos et de l’histoire de la photographie. Elle avait beau le pousser dans ses derniers retranchements, le jeune diplômé restait simple, fidèle à sa conviction de ne faire confiance qu’à lui-même et puisant son inspiration dans la vie de tous les jours plutôt que dans les livres, loin des extravagances qu’aurait aimé retranscrire l’envoyée spéciale de La Dépêche du Midi. Alors elle se résigna à lui poser une ultime question avant de lui fausser compagnie.

*

– Maintenant quelle suite comptes-tu donner à ta carrière ?

– Oh, je crois que je n’ai pas le choix, il me faut partir à Paris. Il n’y a qu’à la capitale que je pourrai trouver les moyens de travailler sur mes photos comme je le souhaite.

– Bon, je crois que j’ai tout ce qu’il me faut, je te remercie de m’avoir accordé cet interview et te souhaite bon courage pour la suite.

Tom, en bon gentleman, l’invite à se joindre à eux pour la soirée, mais elle décline l’invitation lui expliquant qu’elle doit faire un reportage sur Première Tournée .

Première Tournée ? demande-t-il étonné.

– Incroyable, tu ne connais pas ?

– Non ! Jamais entendu parler !

– Tu dois être le seul Toulousain à ne pas être au courant ! Bon je t’explique en deux secondes afin que tu ne meures pas idiot, sourit-elle. C’est une variante de la Nouvelle Star à la différence près que tu ne gagnes pas un CD à enregistrer, mais une première tournée en France l’année suivante. Et ce soir ce sont les demi-finales.

– D’accord, mais quel rapport avec Toulouse ?

– Un des trois derniers chanteurs encore en lice est une jeune Toulousaine : Angélica. Elle a une voix incroyable, elle est divinement belle et elle est devenue la coqueluche de toute la ville. Si bien que la mairie a installé un écran géant sur la place du Capitole et on attend pas moins de trois ou quatre mille personnes ce soir.

– Ah ! Je croyais qu’ils étaient venus pour moi, ironise Tom en regardant la foule massée sur le centre névralgique de la cité rose.

– Désolée, ce sera peut-être pour dans quelques années. En attendant merci pour ta disponibilité.

– De rien, c’était mon premier interview et je te retourne donc le compliment, lance le jeune photographe un large sourire accroché à ses lèvres.

– Ravi d’avoir fait ta connaissance et bonne chance pour la suite. Tiens ! En parlant d’Angélica : la voilà !

 

Et Tom se retourne.

 

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