Deux Chemins… Chapitre 1

Roman Deux Chemins... Une Seule Vie

Roman Deux CHEMINS... Une Seule Vie de l'auteur Gilles Deschamps

 

 

––––  NON ––––

            – Malgré tout l’amour que j’ai pour toi ma gentille maman, je vais te répondre : « Non ». Mais tu peux toujours me la reproposer l’année prochaine ça ne me dérange pas le moins du monde, ironisa Tom en regardant sa mère avec tendresse.

            – Bon je n’insiste pas alors. Je la mets donc au frais pour l’année prochaine, dit-elle en souriant.

            Le repas fut détendu. On ne parla bien entendu que des sélections du lendemain, des enjeux, de l’honneur d’incorporer l’équipe de France, et des Jeux Olympiques d’hiver. Vers vingt-et-une heures, Tom annonça qu’il allait se coucher de manière à être au top de sa forme…

            … vu qu’il devait se lever aux aurores, ayant encore la route à faire pour se rendre à Tignes.

––––  OUI ––––

 

            – Bon ! C’est vraiment parce que c’est toi ma ptit’ maman. « Oui », donne m’en une… mais juste une pour goûter.

            – Alors il faut que tu fasses un vœu : c’est ta première !

            – Je crois qu’il est tout trouvé, dis-je en éclatant de rire.

            Je regarde avec dégoût cette bestiole immonde que par mégarde je viens de promettre d’avaler et je me dis que ce n’est pas une bonne idée. Puis dans un dernier sursaut d’orgueil, retenant ma respiration, j’attrape la coquille et je gobe littéralement son contenu en faisant la grimace. Je n’ai pas fini d’ingurgiter le mollusque flasque qu’un violent spasme me contracte l’estomac. Par je ne sais quel miracle je ne rends pas sa liberté à ce truc visqueux qui est probablement encore vivant au fond de mon estomac. Je me bourre de pain. J’avale un verre d’eau et soudain tout va mieux… je souris à nouveau.

            – Eh bien ! Tu vois, ce n’était pas si dur mon chéri.

            – Maintenant que j’ai goûté, je pense que tu accepteras de ne plus jamais m’en proposer, car franchement ; c’est pas terrible.

            – Promis. Et merci d’avoir essayé, me dit-elle les yeux remplis d’amour. 

            Même si l’expérience n’a pas été concluante, voir ma mère me couver de son regard bienveillant est un cadeau en soit, et cela valait bien quelques secondes d’abnégation.

            – Comme dit la chanson : je vous aime mais je pars. Demain on se lève tôt, on a de la route à faire…

 

            … donc direction le dodo et bonsoir tout le monde.

 

 

––––  NON ––––

 

         Quand le réveil sonna Tom avait déjà les yeux grands ouverts. Cela faisait déjà une heure qu’il se repassait les variantes hypothétiques du slalom le plus important de sa jeune carrière. Il sauta du lit, fila à la douche et descendit prendre son petit déjeuner. Sa mère était déjà en train de boire son café.

            – Alors mon chéri : tu es en grande forme ce matin ?

            – J’ai dormi comme un bébé et je vais te la ramener cette qualif.

            – Mais je n’en doute pas un seul instant. J’ai toujours su que tu nous épaterais.

            – Alors fiston, en forme ce matin ? lui demanda son père qui venait juste de rentrer dans la pièce.

            – Vous devriez régler un peu mieux votre numéro les parents ! plaisanta Tom devant les yeux étonnés de son père, qui tourna la tête vers son épouse en quête d’une réponse à cette phrase énigmatique lancée par son fils.

            – Je lui ai posé exactement la même question il y a à peine vingt secondes… mot pour mot, lui dit-elle fendue d’un grand sourire.

            – Par contre ça ne me donne pas la réponse, reprend le père.

            – Ne t’inquiète pas. Je suis en forme… olympique.

            – Voilà qui fait plaisir à entendre.

            Une fois les tartines de beurre avalées, Tom se prépara, son père mit le matériel dans la voiture et son fils vérifia que tout était là en cochant les cases de sa check-list qu’il avait concoctée deux ans auparavant. Cette idée lui était venue le jour où, en arrivant sur une épreuve de coupe de France après une heure de route, il avait eu la mauvaise surprise de s’apercevoir qu’il avait oublié ses chaussures de ski. Depuis cet incident fâcheux, le moindre petit mouchoir en papier avait sa ligne sur le petit tableau qui constituait son pense-bête. Mais au moment de partir, sa mère arriva avec son anorak.

            – Mais où tu vas maman ?

            – Tu ne crois pas que je vais rater le jour où mon fils va apprendre qu’il part à l’autre bout de la Terre pour les Jeux Olympiques !

            – Ah ! Parce que pour toi c’est déjà fait !

            – Tu sais bien que depuis toujours : tu es le meilleur de tous à mes yeux, lui dit-elle en lui déposant un baiser sur la joue. Mais je ne veux pas troubler vos petits rituels à toi et à ton père ; j’irai derrière, ne vous occupez pas de moi.

            … Et la voiture démarra direction Tignes.

––––  OUI ––––

            Tout à coup un son venu de je ne sais où me fait paniquer : que se passe-t-il ? J’ouvre un œil et me calme instantanément : ce n’est que le réveil qui vient de me sortir d’un sommeil profond. En fait j’ai passé une nuit horrible. Une fois au lit je me suis endormi assez facilement, mais sur le coup d’une heure du matin, une violente pointe dans le ventre m’a fait partir en courant direction les toilettes… cette satanée huitre voulait reprendre sa liberté.

            Après m’être vidé, j’ai pensé en avoir fini, mais une seconde crise pointa le bout de son nez et ainsi de suite pendant quasiment deux heures. J’ai fini par réintégrer mes pénates vers trois heures du matin, au bord de l’épuisement. Inutile de préciser que comme nuit réparatrice avant le jour le plus important de votre vie ; il y a mieux. Forcément ce matin j’ai la tête à l’envers, mais j’en ai vu d’autres et c’est pas un vulgaire petit mollusque qui va me gâcher la fête.

 

            Après une bonne longue douche je me sens d’attaque et c’est l’air enjoué que j’arrive dans la cuisine où mes parents sont tranquillement installés en train de déguster leurs cafés.

            – Alors fiston : en forme ?

            Ne voyant pas l’intérêt de les inquiéter, je passe sous silence mes mésaventures de la nuit passée :

            – Impec ! Ce soir votre fils sera en équipe de France.

            – C’est tout le mal que je te souhaite. Tu t’es donné tellement de mal depuis cinq ans que ce serait dommage de rater ça, plaisante mon père avant de me tendre une tasse de liquide fumant.

            Mais, me rappelant mes péripéties de la nuit, je décline la proposition avec subtilité.

            – Non merci ! Je suis assez excité pour la journée. Je veux être capable de me concentrer avant le départ de ma course.

            C’est bon. Mon argument a l’air de leur convenir. Je ne serai pas obligé de leur expliquer. Je me contente de prendre du solide, avec l’angoisse de repartir en courant aux WC. Ce serait une catastrophe pour le reste de la journée, car aller aux toilettes en pleine montagne avec la combinaison moulante, qui vous colle comme une seconde peau, n’est pas chose aisée.

            Heureusement pour mon avenir à court et long terme, le petit-déjeuner a l’air de se frayer un passage à l’intérieur de mes intestins et d’y trouver sa place sans l’idée saugrenue de vouloir ressortir en quatrième vitesse… je suis rassuré.

            C’est donc l’esprit libre que je prends place dans la voiture familiale, avec ma mère qui me fait la surprise de venir me voir, alors qu’elle n’aime pas ça. Elle a toujours le sang qui se glace quand elle me voit dévaler la pente. Pour elle, je suis toujours son petitou et elle ne comprend pas pourquoi je prends autant de risques. Mais aujourd’hui elle ne veut pas rater un des grands rendez-vous de ma vie. Elle veut être la première à me serrer dans ses bras après l’arrivée.

            La voiture démarre direction Tignes. Mon père me pose deux trois questions, je lui répond machinalement, mais au bout de deux kilomètres ma tête s’appuie doucement contre la vitre et un doux ronflement s’échappe de ma bouche…

 

… je viens à nouveau de sombrer

dans les bras de Morphée.

 

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